Le 16 novembre 2018, se tenait au centre Sèvre de Paris un colloque intitulé « L’homme et l’animal face aux infrasons produits par les éoliennes ».Patrick Dugast qui en est l’organisateur tient à votre disposition les actes complets de ce colloque. colloque16novembre@gmail.com
En voici une synthèse :
Rappel de la définition de l’OMS en 1946 :« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »
Les grandes éoliennes terrestres sont passées de 2 à 7 MW, leur hauteur de 100 à 220 m, la longueur de leurs pales a triplé, atteignant 50 m. Leur fréquence est descendue (très basses fréquences), mais leur puissance acoustique a dépassé 110 dB(A).
C’est l’un des problèmes posé par le repowering (remplacement des éoliennes déjà en place, par d’autres plus puissantes).
Les infrasons restent des sons, produits en combinaison avec les sons dits « audibles », et donc ne peuvent ni ne doivent être analysés séparément. (Patrick Dugast, ingénieur acousticien) Quoiqu’ « inaudibles », les vibrations graves que sont les infrasons peuvent interférer avec la physiologie de l’oreille interne. (Professeur Bruno Frachet, ORL, Hôpital Rothschild)
Les promoteurs éoliens essayent de disqualifier les témoignages reçus en les expliquant par des facteurs psychosomatiques : réduction de la valeur de la maison, manque de foi dans le changement climatique. Mais les jeunes enfants et plusieurs espèces d’animaux souffrent encore plus que les humains adultes ; ce qui réfute partiellement l’explication psychosomatique. Et nécessite de continuer à explorer les autres causes. (Dr John Yelland, physicien, docteur de l’université d’Oxford)
Les nuisances éoliennes ne sont pas causées seulement par la hauteur du son, mais aussi par leur irrégularité, à laquelle l’organisme ne peut s’habituer. Le syndrome éolien est constitué de troubles du sommeil, de céphalées, d’acouphènes, de défauts de concentration, d’irritabilité, de fatigue, de palpitations. (Dr Jean-Paul Borsotti, médecin neurologue)
Outre les sons et infrasons, les éoliennes émettent aussi divers champs électriques et électromagnétiques. L’électro-hypersensiblité (quin’est pas une maladie mais un handicap environnemental)est donc parente de l’hypersensibilité aux infrasons. On la connaît mieux, car les antennes de téléphonie mobile et les lignes THT sont plus anciennes que les éoliennes. Des communications par micro-ondes pulsées ont lieu entre éoliennes et des champs électromagnétiques émanent de chaque éolienne. La justice française a reconnu le handicap d’une jeune femme électro-hypersensible par un jugement du 24 août 2015. (Dr Marie-Stella Duchiron, docteur ès sciences, ingénieur du Génie Rural, des Eaux et des Forêts)
Le bruit est habituellement exprimé en décibels pondérés A, ou dBA. Or les infrasons et les bruits basse fréquence, inférieurs ou égaux à 200 hertz (l’ensemble étant appelé IS-BF) ne sont pas couverts par cette définition. Ils échappent donc à la mesure des nuisances, telle qu’elle est actuellement pratiquée. La Russie a une législation contre les infrasons. En Europe occidentale, au contraire, les ISBF sont un sujet tabou. Les ISBF générés par les éoliennes, mais aussi par les routes, les aéroports, les appareils de climatisation ou de ventilation, les grandes machines,les usines,sont en pleine croissance dans les zones résidentielles urbaines et rurales, les milieux de travail et les activités de loisirs. Il est dangereux, contraire à l’éthique et inacceptable de continuer à ignorer leur présence en tant qu’agent pathogène chez les populations humaines. (Dr Marianna Alves-Pereira, Ph.D. sciences de l’environnement, ingénieur biomédical)
En 2018, en France métropolitaine on peut estimer que 100 riverains en moyenne sont exposés aux nuisances sonores et infrasonores de chaque centrale éolienne, d’où un total d’environ 120 000 riverains exposés. Au Japon, une étude épidémiologique a porté sur une population riveraine d’un groupe de 21 éoliennes. Les auteurs de l’étude ont conclu que :
– Les bruits audibles des aérogénérateurs ont sans doute une incidence sur la santé. Les troubles du sommeil chez les résidents qui vivent à moins de 1 500 mètres d’une éolienne sont en effet le double de ceux des résidents qui vivent à plus de 1 500 mètres.
– Pour réduire le niveau de bruit dans la bande des sons audibles, il est nécessaire d’augmenter la distance aérogénérateurs -habitations.
– Il est important d’obtenir un consensus suffisant entre les promoteurs, l’administration et les résidents avant l’implantation des éoliennes. (Dr Henri Delolme,médecin épidémiologiste)
Il faut se méfier des « courants vagabonds » produits par les transformateurs des éoliennes. Leur effet, combiné aux phénomènes décrits par les intervenants précédents, a abouti, selon une étude polonaise de 2015, à une altération de la viande des animaux exposés. En Australie, une chute des naissances d’agneaux a été observée. S’agissant des animaux sauvages, les rapaces sont particulièrement exposés à certains champs comme à la rotation des pales, car ils volent loin de leurs gîtes, et n’hésitent pas à s’aventurer près des éoliennes. (Gilbert Mouthon, professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort)
Les infrasons atteignent, non seulement l’oreille, mais tout le corps. Chaque organe a sa fréquence de résonance (4 à 8 hertz, par exemple pour le cœur). La parution d’un Guide du bruit des éoliennesest hautement souhaitable. (Yves Couasnet, ingénieur acousticien,doctorat à l’ENPC)
La région des Hauts-de-France s’oppose à toutes implantations nouvelles sur son territoire ; la démocratie voudrait que ces implantations soient soumises à l’avis conforme du département et de la région. La région est prête à financer une étude épidémiologique sur les effets du bruit des éoliennes sur la santé des riverains. (Frédéric Nihous, représentant de la région des Hauts-de-France)
Tous nos remerciements à Patrick Dugast, organisateur du Colloque
En complément : Une étude réalisée en Finlande
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